IA et gouvernance mondiale : Washington et Londres tracent leur propre route
L’intelligence artificielle (IA) est au cœur des grandes stratégies technologiques mondiales, et la question de son encadrement éthique divise les puissances. Alors que plusieurs nations s’alignent sur un accord international visant à garantir une IA plus transparente et responsable, les États-Unis et le Royaume-Uni adoptent une posture plus réservée, refusant de s’engager pleinement dans cette initiative. Ce choix révèle des visions contrastées quant à l’avenir de cette révolution technologique.
Sous l’impulsion de grandes puissances comme l’Union européenne et le Canada, un accord global sur la transparence et l’éthique de l’IA a été proposé. L’objectif est d’établir des garde-fous contre les dérives potentielles de l’IA, notamment les biais algorithmiques, la surveillance massive et l’opacité des systèmes d’IA. Plusieurs pays signataires estiment qu’un cadre réglementaire commun est indispensable pour éviter des usages abusifs et garantir un développement technologique respectueux des droits fondamentaux.
En revanche, Washington et Londres restent en retrait, préférant élaborer leurs propres normes et éviter toute régulation jugée contraignante. Aux États-Unis, l’innovation technologique est souvent perçue comme un moteur économique clé, et toute régulation excessive pourrait freiner la compétitivité des géants du numérique. De son côté, le Royaume-Uni ambitionne de se positionner comme un leader indépendant dans la régulation de l’IA, en misant sur une approche flexible et adaptée aux intérêts de ses entreprises.
Cette divergence de stratégie traduit une opposition entre deux modèles : d’un côté, une gouvernance globale qui cherche à harmoniser les règles, et de l’autre, une vision plus souveraine qui mise sur l’autorégulation et l’agilité.
Ce choix des États-Unis et du Royaume-Uni pourrait accentuer la fragmentation du paysage de l’IA à l’échelle mondiale. À terme, l’absence d’un cadre commun pourrait créer des zones de divergence réglementaire, compliquant les collaborations internationales et posant des défis en matière de cybersécurité, de respect de la vie privée et de lutte contre les abus.
Loin d’être anodin, ce désaccord met en lumière les tensions entre régulation et innovation, entre coopération et souveraineté. Si l’avenir de l’IA se joue aujourd’hui, il reste à savoir si l’approche américaine et britannique leur permettra de garder une avance technologique, ou si leur réticence à rejoindre un cadre commun les isolera sur la scène mondiale.
Lors du récent Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle, qui s'est tenu à Paris les 10 et 11 février 2025, la Chine a activement participé et a signé la déclaration commune en faveur d'une IA « ouverte », « inclusive » et « éthique ».
La participation de la Chine à cet accord souligne son engagement à collaborer sur la scène internationale pour le développement d'une IA éthique. Le vice-Premier ministre chinois, Zhang Guoqing, présent au sommet, a affirmé que la Chine « préconise une technologie d'IA à source ouverte et promeut l'accessibilité des services d'IA », tout en attachant une grande importance à la gouvernance éthique de cette technologie.
Cette position contraste avec celle des États-Unis et du Royaume-Uni, qui n'ont pas signé la déclaration, préférant élaborer leurs propres cadres réglementaires pour l'IA.